En
1907 à ce moment, Baden Powell lance son premier
camp scout à Brownsea. Quelques essais ont lieu
en Belgique et en France, diversement appréciés.
Des articles du Père Caye, jésuite (dans
Les Études du 20 février au 5 Mars 1913)
critique ce mouvement. Jacques Sevin l'annote, contre-critiquant
les critiques, prouvant ainsi qu'il a pris le temps d'étudier
la pensée de BP et la méthode qu'il propose.
Le père Sevin fait donc preuve d'une ouverture
d'esprit et d'âme, souvent incomprise ou mal interprétée.
Il obtient de ses supérieurs de pouvoir passer
tous ses étés en Angleterre pour observer
le scoutisme avant de se prononcer entièrement.
Il y rencontre BP (Baden Powell) en 1913 au cours d'un
rallye de 3000 scouts. Il rentre en Belgique édifié,
et déterminé à fonder en France un
scoutisme catholique, qui soit encore meilleur que celui
qu'il a observé. Mais pour l'instant, il reprend
ses études dans un cadre austère et se prépare
au sacerdoce.
Il est ordonné en 1914. de nombreux prêtres
sont alors mobilisés pour la guerre, et lui-même
disposais d'un sursis. Il avait été exempté
du service militaire en 1902 et n'était pas mobilisable
avant l'annulation des réformes. Il est envoyé
en Angleterre pour préparer l'entrée en
Angleterre de religieux d'Alsace Lorraine qui n'auraient
pas pu s'engager dans l'armée et étaient
très exposé en cas d'invasion de la France.
Il retourne en France quand il apprend que Bruxelles est
pris, fait passer son monde en Angleterre, et réclame
un poste d'aumônier militaire. On lui dit d'attendre
l'ordre d'appel à scolasticat derrière les
lignes allemande, à Enghien. Mais l'ordre ne lui
parvint jamais, le messager l'ayant détruit en
craignant d'être pris par les allemands. Le Père
est contraint de finir sur place sa 4e année de
théologie. Le Père se sera donc formé
durant 16 ans.
Enfin, en 1916, il va à Mouscron, dans le collège
N.D du Tuquet. A cause de la guerre, il n'y a que 46 élèves.
Le Père Sevin fera avec eux les premiers essais
du scoutisme, sans en donner le nom, l'axant sur une préparation
à la vie missionnaire. Avec l'aval de son supérieur,
il entreprend aussi de rédiger son livre Le Scoutisme.
Il apprend à critiquer sainement et de manière
constructive les méthodes employées. Son
grand sens apostolique et pédagogique apparaît
au cours de nombreuses discussions qu'il a avec ses frères
ou ses supérieurs. En effet, tout ceci ne se fait
pas sans entraves, mais il reste tout à fait loyal
envers ses supérieurs et cherche le dialogue.
La rentrée de 1917 se fait sans aucun élève,
alors le Père Sevin va à l'école
industrielle de Mouscron, et y fait une véritable
classe de scouting. Cette même année, il
professe ses vœux perpétuels. Il consacre
presque toute l'année 1918 au scoutisme, durant
2 mois de préparation et d'entrevue avec son supérieur,
pour " éviter tout faux pas et avoir pleinement
la grâce de l'obéissance ". Il revoit
son projet en fonction des observations reçues,
souffre des réticences de l'entourage, et assume
les avancées et les reculs que lui demande l'obéissance.
Il reçoit même l'interdiction d'employer
le mot " scouting " ou " scout " à
cause de l'occupant et surtout de ses frères. Tout
semble bientôt sombrer, mais dans un esprit d'obéissance,
de conciliation, de prière et de confiance, la
ténacité et la loyauté l'emportent
finalement. Il va au rythme des autorisations qui lui
sont données, sans nulle aigreur, modifiant sans
cesse et se laissant conduire par l'esprit. Il présente
enfin un projet en 12 points, où rien ne doit laisser
deviner (surtout à ses frères) qu'il s'agit
de scoutisme. On lui dit : " Il ne faut pas que l'on
puisse dire qu'un jésuite français a fondé
le scoutisme à Mouscron ! " (manqué,
on dirait !). " Il faut agir avec et malgré
ses supérieurs " disait-il avec humour. |